Hommage de la communauté juive de Budapest à Gitta Mallasz

23/02/2015

Une stèle surmontée d’un disque de cuivre sur lequel figure un visage entouré de plumes en étoile de David a été édifiée en 2014 dans le jardin de l’école maternelle … Continuer la lecture de « Hommage de la communauté juive de Budapest à Gitta Mallasz »

A la mémoire de Gitta Mallász

Honneur aux courageux.
A la mémoire de
Gitta Mallász
(1907-1992)
qui a sauvé la vie de plus de cent femmes juives en 1944,
dans l’édifice de l'école maternelle actuelle,
Lauder Javne, dans la villa Katalin.

Une stèle surmontée d’un disque de cuivre sur lequel figure un visage entouré de plumes en étoile de David a été édifiée en 2014 dans le jardin de l’école maternelle Lauder Javne à Budapest à la mémoire de Gitta Mallasz, qui « sauva la vie de plus de cent femmes juives dans cet édifice ».

Cette école, située dans le quartier résidentiel de Buda, est en effet installée dans l’ancien couvent de Katalin où se déroulèrent les trente derniers entretiens des Dialogues avec l’Ange, du 21 juin au 24 novembre 1944.
En 1944, lors de l’invasion de la Hongrie par les nazis, Katalin fut  transformé en atelier de confection militaire pour cacher une centaine de juives, ceci sous la protection de la nonciature et du ministère de la guerre hongrois qui espéraient ainsi les sauver de la déportation. Gitta, fille de général et championne de natation, fut approchée pour devenir le « commandant » de l’atelier. Elle accepta à la condition que Hanna et Lili l’accompagnent. Les Anges suivirent et les entretiens se poursuivirent.

L’usine fonctionna de juin à décembre 44 et, grâce à l’énergie et l’intelligence des trois femmes, fut en mesure de délivrer ce qui lui était demandé. Mais les nazis hongrois, parvenus au pouvoir en octobre, bien décidés d’en finir avec cette étrange usine, l’envahirent le 1er décembre. Gitta donna alors l’ordre aux ouvrières de s’enfuir par le jardin voisin dont les occupants n’étaient autres que des SS avec lesquels Gitta, dont la langue maternelle était l‘allemand, avait établi des relations de bon voisinage. Elles furent toutes sauvées de cette façon, sauf seize d’entre elles, dont Hanna et Lili qui avaient décidé de partir vers un terrible destin pour que Gitta ait la vie sauve. Toutes deux moururent en mars 45, dans un wagon à bestiaux qui les transportait de Ravensbrück à un camp annexe de celui de Dachau (1).

Dans la vie courante, Gitta ne se targuait jamais de ce magnifique pied de nez à la barbarie. Toutefois, des années plus tard, installée en France depuis trente ans, Gitta se demandait dans ses notes « si c’était le seul cas où les nazis allemands avaient sauvé des juifs ? » et elle ajoutait : « Alors là, un petit rayon de lumière a percé dans la nuit. La nuit tout à fait noire – sans espoir – n’existe plus pour moi  (2) ».

En mai 2012, vingt ans après sa mort, elle est devenue « Juste parmi les nations ».

Françoise Maupin

(1) Le Dernier Convoi, Eva Lanley-Danos, Albin Michel, 2012.

(2) La Source blanche, de Patrice Van Eersel, Grasset, 1996 (Épilogue. Notes laissées par Gitta).