Les vitraux de la salle du trésor
de la cathédrale de Chartres,
une oeuvre de Bang Hai Ja
Le message de Lumière

" La Lumière crée la Vie,
de la Vie vient l'Amour,
de l'Amour vient la Paix.
Nous sommes des lumières
et nous retournerons à la Lumière"
(entretien avec Bang Hai Ja
sur son inspiration)
« Bleu de Chartres et bleu Hai Ja »
Témoignage de Françoise Maupin
Bleus de Chartres
Pour contempler les vitraux de Bang Hai Ja dans la Cathédrale de Chartres, il faut suivre un petit itinéraire concocté exprès pour y parvenir. Un fois dans la nef, il vous faudra trouver l’escalier qui vous mène au premier étage de la Chapelle Saint Piat, dans la salle du Trésor, puis redescendre par un escalier en colimaçon, sombre et étroit et enfin vous arriverez dans une pièce secrète, toute petite au regard de la grande et majestueuse Cathedrale. Mais vous êtes amplement récompensé de ce (petit) effort : c’est là que les vitraux de Bang Hai Ja ont trouvé place: quatre grandes pièces de verre, longues et étroites, traversées de larges bandes verticales, avec en leurs centres, les grands cercles qu’elle affectionne, éclatants ici comme des soleils, les cosmos de l’artiste. Le bleu domine, flirtant avec le turquoise ou le cyan, mais laissant aussi place à l’or et l’orange. Ces couleurs laissent filtrer une lumière douce et chaude. Nous sommes dans l’abstrait, quant à côté, dans la magnificence de l’immense église, triomphe le figuratif et pourtant le travail de Bang Hai Ja s’impose comme un évidence : tout est harmonie et sérénité dans cette salle capitulaire. Et si ce n’était pas un lieu d’exposition, on ne serait pas étonné d’y trouver des coussins de méditation et des bâtons d’encens.
Bang hai Ja n’a pas vu les vitraux posés, elle est décédée en 2022 et sans doute les considèrera-t-on comme l’apogée de son travail. C’est, en effet, une magnifique consécration, pour une coréenne, de tradition bouddhiste (mais baptisée catholique,) de s’être vu confier ces vitraux, dans une des plus prestigieuses cathédrales françaises, dont les vitraux, du XII et XIII siècle, sont eux aussi mondialement connus, surtout pour leur « bleu de chartres », particulièrement lumineux. Il y a maintenant, aussi, le bleu « Hai Ja » .
Son travail, elle l’a conçu, tout au long de sa vie comme une quête spirituelle, une recherche sans fin sur la lumière, non pas quand celle-ci éclaire les gens et les choses, mais la lumière en-soi qui est, pour elle, la matière de l’univers, « une source de joie, de paix et d’amour » . Ce qui donne ces tableaux rayonnants, et c’est sous ce patronage qu’elle a placé ses vitraux.
Mais l’on ne saurait parler du travail de Bang Hai Ja sans citer les « dialogues » qu’elle découvrit à leur parution en 1976 et qui ne l’ont pas quittée depuis. Elle s’en est nourrie : avec son mari Alexandre Guillermoz, un ethnologue spécialisé dans le chamanisme coréen, ils ont passé près de dix années chaque matin à traduire cet ouvrage incandescent en coréen et les a fait publier, ainsi que Morgen en 2017.
Et c’est pour nous une grande joie de constater que la culture des Dialogues puisse engendrer un si beau fruit.
Françoise MAUPIN