La revue « Clés » ayant cessé son activité et fermé son site Internet, nous reproduisons ici son article « Gitta Mallasz, l'émerveillement ordinaire » recueilli par Jeanne Gruson.
Depuis que j'avais lu Dialogues avec l'Ange, Gitta Mallasz était pour moi une sorte de mythe. Quelqu'un à qui les Anges avaient parlé ne pouvait être qu'une sainte auréolée, impressionnante, sage et déjà surnaturelle. Zéro pour mon image romantique et préfabriquée. J'ai rencontré un petit bout de femme dynamite, pétillante d'humour, pratique, aimant la vie avec passion, et surtout si naturelle !
Gitta Mallasz : Mais oui, je suis quelqu'un de très ordinaire, et si l'Ange s'est adressé à 4 personnes aussi ordinaires que nous, c'est bien pour montrer que maintenant l'union avec son Ange est possible à tout le monde.
En 1943, Hanna, Joseph, Lilli et Gitta, 4 amis artistes, vivent dans un village proche de Budapest où ils ont installé leur atelier. Les 3 premiers sont juifs, Gitta chrétienne, mais aucun d'entre eux ne pratique sa religion. Tous cependant sont à la recherche de quelque chose d'autre, d'une vérité qu'ils pressentent mais qu'ils ne savent où trouver. Leur questionnement est intense et un jour, le 25 juin exactement, par la voix de Hanna en toute conscience éveillée, les Anges ont commencé un dialogue hebdomadaire qui s'est terminé le 24 novembre 1944. Hanna, Lilli et Joseph sont morts en camps de concentration peu de temps après. Seule Gitta a survécu, et sa tache a été de faire connaître au monde ces 88 entretiens.
Actuellement, Dialogues avec l'Ange est traduit en 12 langues. Cet enseignement est individuel et dynamique. Il s'adresse à tous ceux qui ont le désir de devenir responsables de leur propre évolution. Gitta est peut-être ordinaire, mais d'un ordinaire d'où jaillit en permanence la vie, et dialoguer avec elle est un véritable cadeau.
Nouvelles Clés : Dans ma culture, l'Ange a une image romantique, désuète, pour ne pas dire kitsch. Mais dans les Dialogues, j'ai été surprise, l'Ange est tellement différent !
G. M. : Mais oui, dans mon vécu, "l'Ange est autre, tout à fait autre". C'est d'ailleurs le titre de mon prochain livre qui sera édité chez Aubier. L'Ange, je l'ai ressenti comme notre complément essentiel, comme notre pareil de lumière. Il est notre moitié vivante, et nous sommes sa moitié vivifiée. Il est notre préfiguration invisible, et nous, sa figuration dans le visible. Il est notre pareil intemporel, nous sommes son pareil limité par le temps. Il est notre moitié intuitive dans l'esprit, et nous sommes sa moitié exécutive dans la matière. Un jour, lorsque nous consciemment unis à lui, nous vivrons ces deux moitiés de vie simultanément. Ce sera la vie UNE.
N. C. : Un jour... mais combien de siècles faudra-t-il encore attendre ?
G. M. : Selon l'Ange, cette transformation est imminente. Mais comme Il n'est pas dans notre espace-temps, il m'est difficile de donner des précisions. Ce qui est certain c'est que maintenant le processus évolutif de l'humanité fait un bond en avant. Un grand Printemps inconnu commence, le Printemps d'une humanité qui n'a encore jamais existé.
N. C. : Avez-vous le pressentiment de ce que pourrait être ce Printemps inconnu ?
G. M. : Dans la nature, le printemps est là chaque année. Ses forces éveillent et font croître les germes en attente. Pour l'humanité, le printemps est là pour la première fois. Maintenant vont croître les germes d'une humanité nouvelle.
« Le printemps est là.
Là, où se cache la vie, là, cela doit pousser.
Le temps est court :
Rêve éternel ou vie éternelle ?
L'arbre va porter ses fruits pour la première fois.
Bourgeons, promesse de fruits, ne tardez pas !
Percez l'ancien !
Tout se décide maintenant. »
Quelquefois, dans un instant de perception fulgurante, il m'est donné de percevoir la chance considérable de l'homme d'aujourd'hui. Nous allons bientôt évoluer vers un corps Matière-Lumière. Bientôt un dégagement formidable d'Énergie printanière va se déverser sur notre planète tel un torrent de lumière, éveillant ainsi une Nouvelle Conscience. Chacun de nous recevra ce qu'il est capable de supporter et surtout de transmettre.
N. C. : Il est en effet souvent question dans les Dialogues de l'Homme Nouveau. Vous n'avez pas l'impression que ce concept est un peu rabâché ?
G. M. : Rabâché ? Trouvez-vous que la race humaine soit si parfaite qu'elle n'ait plus besoin d'évoluer ? L'homme d'aujourd'hui me semble n'être encore que l'esquisse confuse d'un chef-d'œuvre possible. Tout est déjà là, en état de germe, mais n'a pas encore pris sa juste place. "Il n'y a pas de connaissance juste de l'homme
« Car l'homme n'est pas encore.
L'homme est tellement grand,
Que moi non plus, je ne le vois pas encore. »
Ce qui est formidable, c'est que nous sommes simultanément l'artiste et œuvre. Nous sommes nos propres créateurs. Le grand plan divin seul ne suffit pas. Chacun de nous en est responsable et participe par son libre choix de chaque instant à la création nouvelle. L'homme est le pont entre le monde créé et le monde créateur, entre la matière et la lumière.
N. C. : Et nous, les hommes d'aujourd'hui, où en sommes-nous ?
G. M. : Nous sommes encore des enfants, déjà presque des adolescents. Et de même qu'après une certaine maturité du corps on devient capable de vivre l'acte d'amour corporel, après une certaine maturité de l'âme, on devient capable de vivre l'acte d'amour universel. Cela commence par une recherche sans répit. Recherche de quoi ? peut-être d'un amour qui ne déçoit plus, d'une tâche passionnante, ou du sens de sa vie. Lorsque cette recherche atteint l'intensité maximum dont on est capable, là seulement l'étincelle peut jaillir, et le premier courant avec son "pareil de lumière" s'installe. Là commence notre histoire d'amour universel. L'être humain est le seul être au monde qui puisse vivre simultanément et consciemment l'union des forces du ciel et des forces de la matière dans l'ivresse de leur interpénétration. De cet acte d'amour naît l'enfant nouveau, l'enfant immortel dont le corps est matière pénétrée par la lumière. Ainsi naît le chef-d'œuvre de la création, et c'est nous-même.
N. C. : Ces perspectives sont séduisantes, mais ne sont-elles pas tout simplement des fantasmes ? Est-ce que l'Ange peut m'aider aujourd'hui concrètement dans toutes les difficultés de la vie quotidienne ?
G. M. : Bien sûr ! Le premier pas est de prendre conscience que je peux créer un dialogue avec mon "pareil de lumière", mon Ange, ou encore mon Maître Intérieur, le nom qu'on lui donne n'a aucune importance. Et cette rencontre est une rencontre naturelle.
« Qu'y a-t-il de plus naturel
Que de parler ensemble ? »
Il me suffit de formuler ma question en mots simples, précis, concis, mais la demande est nécessaire. La seule exigence de l'Ange est une attention immense.
« Soyez attentifs !...
Le mot est créateur
Car il concentre tout
Il centre.
Tu as mis en mots tes manques
Ainsi l'étincelle a pu venir. »
C'est seulement au sommet de ma question que je peux trouver la réponse, et cette réponse n'est jamais une recette. L'Ange nous ouvre des perspectives nouvelles qui nous permettent de trouver nous-mêmes nos propres solutions.
N. C. : Ce serait donc si simple que ça ?
G. M. : Oui, mais le dialogue seul ne suffit pas. L'Ange revient sans cesse sur l'importance de l'acte. Depuis mon accident de voiture, il y a environ un an, je vis auprès de mes amis Bernard et Patricia Montaud. J'observe avec un grand intérêt la pratique qui se fait dans Art' As, association créée par Bernard, et dans laquelle on apprend l'art de "l'acte juste".
Ce qui me plaît, c'est qu'il ne s'agit pas d'une technique de plus pour s'élever dans les hautes sphères de la spiritualité. Il s'agit d'apprendre à bien vivre concrètement son quotidien. Ils utilisent comme outil le langage du corps dans "l'assise immobile". Les inconforts du corps et la façon dont on les traite sont toujours à l'image de l'attitude que l'on a dans la vie. A partir de chaque prise de conscience, il ne reste plus qu'à trouver l'acte concret, simple, individuel par lequel chacun va avancer sur son propre chemin et ainsi se rapprocher de sa Préfiguration, son Ange.
Je ne pratique pas du tout l'assise immobile, mais lorsque je rencontre des membres d'Art' As, je suis étonnée de constater à quel point un enseignement rigoureux, basé sur la responsabilité de l'acte au quotidien, éveille l'individualité et la joie de vivre. Et sur cette base sûre, l'Ange peut poser son pied.
N. C. : Est-ce que vous pratiquez une autre discipline spirituelle ?
G. M. : Non, l'Ange m'a dit au contraire :
« Je te dispense de toute forme.
Marche sur ton propre chemin
Tout le reste est égarement. »
C'est ma voie individuelle. Il se peut cependant que pour d'autres la forme soit "chemin", à condition qu'elle contienne la possibilité d'être dépassée.
N. C. : Vous n'avez aucun disciple, n'avez créée aucune école, aucun ashram, est-il possible tout de même d'avoir un contact direct avec vous ?
G. M. : Bien sûr. Je donne 6 "conférences-rencontres" par an à Lyon. Elles sont sous forme de questions/réponses. J'adore jouer au ping-pong avec les lecteurs des Dialogues.
N. C. : Si je devais vous définir en un mot, je dirais que vous êtes contagieuse, contagieuse de vie.
G. M. : Vous avez à la fois tort et raison : tort parce que ce n est pas moi qui suis contagieuse, c'est le message des Anges ; raison parce que la vie peut et va devenir maintenant plus contagieuse que la maladie.
N. C. : Est-ce que vous avez l'impression de déranger ?
G. M. : Déranger est un bien grand mot, mais je sais que je déçois certaines âmes, car je ne suis pas un nouveau spécimen ailé facile à classer dans le jardin zoologique de l'ésotérisme. J'ai simplement à témoigner de ceci : la rencontre naturelle avec l'Ange détruit toute attente du sensationnel. Fini le grand frisson mystérieux et romantique. La rencontre avec l'Ange se fait dans les petits actes du quotidien. Par la simple acceptation de notre imperfection nous attirons le parfait. Seul le vide sans attente attire le divin inattendu. Seule la soif attire la boisson enivrante. Et il n'y a plus besoin de miraculeux lorsqu'on vit l'émerveillement au quotidien.
« Le miracle est déjà en bas, sous vos pieds.
Le monde nouveau ne connaît pas le miracle.
L'ancien miracle est le marchepied du nouveau!
Là sont blottis les petits.
Ce qui vient est l'insaisissable cause des causes. »